En Irak, les Etats-Unis seraient prêts à armer des milices sunnites pour venir à bout d'Al-Qaida
fin de reprendre le dessus en Irak, les autorités de la coalition privilégieraient désormais une stratégie qui a fait ses preuves dans la province d'Al-Anbar : armer des groupes sunnites afin qu'ils s'allient avec les Américains et s'attaquent aux forces d'Al-Qaida, alors même que ces groupes étaient anciennement liés avec les islamistes. Cette information a été revélée, lundi 11 juin, par le quotidien New York Times, qui explique que l'armée américaine "donne des armes, des munitions, de l'argent, du pétrole à certains groupes (...) qui ont eu des liens avec Al-Qaida par le passé (...) mais qui s'en sont éloignés à cause des tactiques utilisées par les islamistes, notamment les attaques-suicides". "ARMER LES DEUX CÔTÉS D'UNE FUTURE GUERRE CIVILE" Fortes de cette réussite, les autorités américaines envisagent d'exporter"le modèle d'Al-Anbar" vers d'autres provinces irakiennes. Le New York Times cite, pêle-mêle, le quartier sunnite d'Adhamiya, au nord de Bagdad, la province de Babil au sud de la capitale, plus connue sous le nom de "triangle de la mort" et où trois soldats américains ont été capturés en mai, ou encore la province de Diyala au nord et à l'est de la capitale, qui a remplacé Al-Anbar comme base de repli des islamistes. Pourtant, les détracteurs de cette option militaire ne manquent pas. D'un côté, plusieurs membres de l'armée américaine, qui estiment qu'aider les sunnites, après s'être rapproché dans un premier temps des chiites, reviendrait, au final, "à armer les deux côtés d'une future guerre civile". Soulignant notamment la diminution prévue des troupes américaines l'année prochaine, le New York Times craint que toute arme donnée aux insurgés sunnites ne soit "éventuellement utilisée contre un chiite (...) et même contre des Américains". Les leaders chiites regardent ces tractations avec suspicion, craignant que le soutien américain ne provoque le retour des ambitions de domination sunnite en Irak. Cité par le quotidien américain, le député Cheikh Khalik Al-Atiyah a réaffirmé que les instances politiques chiites ne discuteraient pas d'une amnistie concernant les insurgés sunnites, même si ces derniers s'attaquaient aux islamistes d'Al-Qaida. Un autre responsable irakien, ayant souhaité garder l'anonymat, estime pour sa part que rien ne garantit qu'une fois armées ces milices sunnites soient contrôlables. "Le but du gouvernement est de désarmer les milices en Irak, souligne-t-il, et en Irak, nous en avons bien assez. Pourquoi vouloir en créer de nouvelles ?" Le Monde, 11.06.2007 |